Actu BD internationale
Le dessinateur Frederik Peeters
By Sophie Torlotin C’est l’un des auteurs de bande dessinée le plus doués de sa génération. Le quadragénaire Frederik Peeters signe le dessin d’un album revisitant les codes du western : L’odeur des garçons affamés, qui vient de paraître chez Casterman.
Source:: rfiBD
Une BD un brin sexiste et xénophobe pour alerter les Chinois contre les espions
By Heike Schmidt “Liaisons dangereuses», c’est le titre d’une nouvelle campagne nationale de propagande en Chine. Pour mettre en garde la population contre les espions étrangers, une bande dessinée en 16 images a été collée sur les murs des résidences et métros pékinois, à l’occasion de la première journée dédiée à la sécurité nationale. L’histoire d’un amour entre une Chinoise et un étranger, qui tourne au drame et suscite l’émoi sur les réseaux sociaux du pays.
Source:: rfiBD
Loo Huy Phang et l’odeur des garçons affamés
By Jean-François Cadet Nous sommes en 1872, juste après la guerre de sécession, au moment d’une nouvelle vague de colonisation de l’ouest américain, à l’ouest du Mississipi, celle qui va s’attaquer aux derniers Indiens comanches qui résistent encore. Au début de l’album, on se dit que tous les ingrédients d’un bon vieux western sont réunis. Sauf qu’il s’agit d’un western singulier, dont les auteurs s’amusent à détourner les codes. Chaque personnage a quelque chose à cacher, et le lecteur se retrouve pris comme au lasso et traîné dans les méandres d’une histoire déroutante, envoûtante, sensible, mystérieuse, mâtinée de fantastique, et qui ébranle bien des idées reçues. ” L’odeur des garçons affamés », dessins de Frédérik Peeters, sur un scénario de Loo Hui Phang est paru chez Casterman.
Casterman publie également le premier numéro de ” Pandora » épais mook biannuel de 264 pages de nouvelles dessinées. Sous la direction de Benoît Mouchart on y trouve pêle-mêle des histoires de Katsuhiro Otomo et Art Spiegelman, des inédits de Blutch, Michel Pirus, Jean-Louis Tripp, Anthony Pastor, Florence Dupré La Tour, Killoffer, Ville Ranta, Alfred Bastien Vivès ou bien encore Matthias Lehmann. Un beau projet éclectique et original qui saura surprendre les lecteurs les plus novices comme les plus avertis.
Source:: rfiBD
Les Contes de Morne Plage
Le dessinateur belge Hermann, lauréat du Grand Prix d’Angoulême
Ce n’est donc pas une femme, mais un vétéran de la bande dessinée, âgé de 77 ans. En décernant mercredi 27 janvier le 43e Grand Prix du Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême au Belge Hermann Huppen, dit « Hermann », le 9e art a décidé de consacrer la carrière aussi longue que prolifique d’un poids lourd de la BD réaliste franco-belge. Le créateur de Jeremiah faisait déjà partie des trois « finalistes » du vote organisé auprès des professionnels du secteur, il y a un an – scrutin qui avait couronné le Japonais Katsuhiro Otomo, le père d’Akira. Hermann a devancé cette année le Britannique Alan Moore (finaliste également en 2015) et la Française Claire Wendling.
Ces trois noms étaient arrivés en tête, il y a une semaine, à l’issue d’un premier tour au cours duquel les votants avaient pu désigner l’auteur de leur choix, sans avoir à choisir parmi une liste composée au préalable par la direction artistique du festival. L’absence de femmes dans la sélection de trente noms initialement proposée par le FIBD au début du mois de janvier avait alors déclenché une vive polémique et jeté la lumière sur la place très minoritaire des créatrices dans la profession. Sous la pression, le festival avait décidé de modifier son mode de désignation en laissant à la corporation le soin d’élire qui elle veut.
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« Ce serait injuste de m’accuser de sexiste »
S’il émane directement de la base, le choix d’Hermann ne devrait toutefois pas être du goût de tous ceux et celles qui sont montés au créneau, au début du mois, pour dénoncer une forme de sexisme dans la bande dessinée. Le Liégeois a en effet souvent dessiné les femmes sous des traits aguicheurs et caricaturaux, en accentuant leurs formes. « Ce serait injuste de m’accuser de sexiste », a déclaré le dessinateur au Monde mercredi, peu de temps avant l’annonce de sa nomination.
« J’ai toujours évité de représenter des bimbos dans mes histoires. De nombreuses lectrices m’ont toujours dit que je ne dessinais pas les femmes comme des objets destinés au repos des guerriers. Au contraire, j’ai plutôt donné du caractère à mes héroïnes. »

L’une d’elles porte le nom d’une de ses principales séries, Comanche, créée en 1969, à une époque où les personnages masculins étaient ultradominants dans la bande dessinée. Propriétaire du ranch Triple-Six, Comanche doit toutefois plus à l’imagination du scénariste Greg qu’à la sienne. « Ce personnage ne m’est pas sympathique, dit d’ailleurs aujourd’hui Hermann. Inconsciemment, Greg en a fait une arriviste. »
Ce qui étonne le plus en parcourant la bibliographie de ce monstre sacré ayant connu l’âge d’or des séries et des revues spécialisées, c’est la masse d’albums – grand format – qu’il a réalisés en cinquante ans de carrière. Comptez 34 tomes de Jeremiah (Dupuis), 15 volumes de Comanche (Le Lombard), 15 épisodes des Tours de Bois-Maury (Glénat), 13 aventures de Bernard Prince (Le Lombard), 3 histoires de Nic (Dupuis), 2 de Jugurtha (Le Lombard), plus une vingtaine de one-shots ici et là. Le compte est bon : Hermann a publié 102 ouvrages depuis ses débuts en 1966, soit un tous les six mois.
Le dernier, Old Pa Anderson, sur un scénario de son fils Yves, est sorti la semaine dernière dans la collection Signé du Lombard. « Ne me parlez pas de retraite, quelle horreur, j’en mourrais ! J’ai plus que jamais envie de raconter des histoires. Je ne suis pas un dessinateur à l’état pur qui pourrait se satisfaire de faire des illustrations entre deux albums. Le seul mode d’expression qui me convienne est la bande dessinée, que je préfère d’ailleurs appeler “cinéma dessiné” », confie-t-il.

« Des colères de gauche et des colères de droite »
Né en 1938 à Bévercé, dans la province de Liège, Hermann est venu à la bande dessinée à l’incitation de son beau-frère Philippe Vandooren, futur directeur éditorial des éditions Dupuis, qui dirigeait une revue scoute appelée Plein Feu. Repéré par Greg qui l’intègre dans son studio, il se voit alors confier la réalisation de quelques Belles histoires de l’oncle Paul avant que le scénariste vedette du journal Tintin ne crée pour lui le personnage de Bernard Prince, un ancien policier d’Interpol parcourant le monde à bord de son navire en compagnie d’un jeune Indien et d’un marin bourru. Suivra Comanche, qu’il animera pendant dix ans, avant de se lancer dans une série scénarisée et dessinée par lui seul, Jeremiah, à la demande d’une maison d’édition allemande.
Prépubliée en 1977 dans les pages de Métal hurlant, cette saga d’anticipation présente un point commun singulier avec l’œuvre majeure de l’auteur auquel Hermann succède au palmarès d’Angoulême, Kastuhiro Otomo : tout comme dans Akira, Jeremiah se déroule après un conflit nucléaire. Western fantastique, la série d’Hermann a également pour héros de jeunes hommes : l’angélique Jeremiah et l’écorché vif Kurdy, incarnations du bien et du mal dans un monde crépusculaire abandonné à l’hyperviolence.
Si elle a connu un énorme succès durant les années 1980 et 1990, la saga a aussi ses détracteurs. Adepte d’un dessin âpre et physique, Hermann y développe des thèmes récurrents, comme l’autodéfense ou la vengeance personnelle, qu’on retrouvera par la suite dans ses one-shots. L’éthique et la morale sont souvent bousculées dans la psyché de ses personnages, lesquels ont généralement le coup de feu facile. Que ses récits se déroulent dans l’Afrique coloniale, le Nordeste brésilien ou le Sarajevo des premières heures du conflit yougoslave, une vision désenchantée et ambiguë de l’être humain s’en dégage.
Le terme « réactionnaire » revient souvent à son propos dans le milieu du 9e art. Hermann le sait et s’en contrefiche :
« Je me situe plutôt au centre politiquement, avec des colères de gauche et des colères de droite, mais jamais à l’extrême gauche ni à l’extrême droite. Je suis en fait un instinctif d’une simplicité naïve qui répond à ses impulsions, et surtout pas un intellectuel. J’aimerais tellement que le monde soit mieux qu’il est. »

- Frédéric Potet
Journaliste au Monde
Auteur de BD, un métier de plus en plus précaire
Il ne fait pas bon être auteur de bande dessinée en ce moment. Une précarité alarmante plane sur la corporation, comme en témoigne une enquête réalisée par la profession et à laquelle Le Monde a eu accès avant sa communication au Festival d’Angoulême, qui se déroule du 28 au 31 janvier. Plus d’un auteur sur deux (53 %) ayant répondu y déclarent toucher un revenu inférieur au smic brut, et même au seuil de pauvreté pour 36 % d’entre eux. La situation est pire pour les femmes : 67 % des auteures interrogées disent gagner moins que le smic, et moins que le seuil de pauvreté pour 50 % d’entre elles.
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Après la polémique provoquée par l’annonce d’une première liste de trente noms exclusivement masculins pour l’élection du prochain Grand Prix (Le Monde du 7 janvier), ces données ne vont pas contredire l’idée selon laquelle les femmes ont plus de difficultés que les hommes dans le 9e art.
L’enquête des Etats généraux de la bande dessinée, du nom de l’association d’auteurs qui l’a menée, fait suite à un débat sur la précarisation du métier organisé lors du dernier Festival d’Angoulême. Une marche dans les rues de la ville avait rassemblé 500 professionnels contre un projet d’augmentation des cotisations de retraite complémentaire. Afin de réaliser une « photographie » de la corporation, un questionnaire a été envoyé à l’automne à 3 000 personnes – 1 300 auteurs déjà identifiés, mais aussi des coloristes, des scénaristes occasionnels et des jeunes diplômés d’école spécialisée. La moitié ont répondu, en se répartissant eux-mêmes dans les catégories « amateurs » (15 %), « professionnels précaires » (53 %) et « professionnels installés » (32 %).
« Sentiment d’injustice »
La faiblesse des revenus n’est pas le seul enseignement de l’étude. Celle-ci dévoile aussi que 50 % des répondants travaillent plus de quarante heures par semaine, et que, pour 80 % d’entre eux, le travail empiète sur au moins deux week-ends par mois. Afin de diversifier (et d’augmenter) leurs ressources, 71 % ont par ailleurs un emploi parallèle, en général dans un autre domaine artistique ou dans l’enseignement.
Leur protection sociale, enfin, s’avère particulièrement faible : 88 % des professionnels interrogés n’ont jamais bénéficié d’un congé maladie, souvent par manque d’information. « Un sentiment d’injustice anime les auteurs, qui ont l’impression de cotiser dans le vide », note l’écrivain et scénariste Benoît Peeters, président des Etats généraux de la bande dessinée.
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Les raisons de ce contexte sont nombreuses, et connues : hausse des prélèvements obligatoires dans les métiers artistiques, baisse des ventes en librairie, diminution des droits d’auteur… Alors qu’il n’y a jamais eu autant d’albums dans les rayons – 4 000 nouveautés par an, contre 700 il y a trente ans –, un prolétariat de la bande dessinée semble s’être formé au fil des années. Si les grands noms continuent de très bien gagner leur vie (l’un d’eux a fait état d’un à-valoir de 160 000 euros), c’est surtout « la catégorie médiane des auteurs qui voit sa situation se dégrader », souligne Benoît Peeters.
« Le profil des auteurs risque de changer »
Jeanne Puchol, 58 ans, appartient à cette tranche de créateurs, « ni hyperconnus ni marginaux, qui souffre en ce moment ». Alternant les parutions chez les grands et les petits éditeurs, cette ancienne story-boardeuse publicitaire publie depuis 1983, mais ne s’est exclusivement consacrée à la BD qu’il y a neuf ans. Elle a connu l’âge d’or des magazines comme (A suivre), qui payaient une première fois les planches à l’unité avant qu’un éditeur ne les achète une deuxième fois sous la forme d’à-valoir. Ses ventes dépassaient alors 10 000 exemplaires par ouvrage. Elles sont moitié moindres désormais. En ajoutant ses cours d’illustration pour la Ville de Paris, Jeanne Puchol touche aujourd’hui le smic. La vente d’originaux lui permet d’empocher « un 13e mois ».
Les choses ont changé, selon elle, le jour où les maisons d’édition traditionnelles sont entrées dans le giron de grands groupes. « Les coûts de fabrication ont été tirés vers le bas pour faire baisser le prix de revient des livres. La dernière variable d’ajustement était l’auteur », dénonce-t-elle. L’avènement du roman graphique – un format plus petit avec davantage de pages et un dessin moins élaboré – aurait également contribué à appauvrir la profession, poursuit Jeanne Puchol : « Le paiement à la page a été remplacé par le forfait. Tout dépend bien sûr de l’investissement que chacun met dans son travail, mais ramené au taux horaire, un roman graphique est payé au lance-pierre. »
Dans ce climat, un certain pessimisme pèse sur le secteur. 66 % des auteurs interrogés dans l’enquête pensent que leur situation va se dégrader lors des prochaines années. « Le profil des auteurs risque de changer également, redoute Mme Puchol. La bande dessinée est un mode d’expression populaire auxquels ont toujours eu accès des gens d’extraction modeste, comme Gir ou Mézières. Ce ne sera plus possible demain. Il faudra avoir ses parents derrière soi. Le milieu va s’embourgeoiser, et les thématiques traitées ne seront plus les mêmes. »
- Frédéric Potet
Journaliste au Monde
Il était une fois… la vie : le dessin animé culte revient en HD
Le dessin animé pédagogique des années 1980-90 Il était une fois… la vie est en train d’être restauré en haute définition. À quand la diffusion ?
Les connaissances encyclopédiques en biologie de la génération née dans les années 1980 ne doivent rien au hasard, ni à une quelconque excellence des programmes d’enseignement de SVT de l’époque : à cette période, tous les kids avaient droit, à l’heure du Pitch et du Candy’Up, à leur cours de biologie humaine servi à la télé par une un professeur bienveillant aux allures de père Fouras. Et niveau vulgarisation, les lymphocytes et les enzymes animés tout mignons d’ Il était une fois… la vie faisaient passer C’est pas Sorcier pour une conférence du CNRS sur les dernières avancées en physique des particules subatomiques. Diffusé depuis 1986, le dessin animé éducatif franco-japonais en 26 épisodes d’Albert Barillé est encore aujourd’hui disponible sur Gulli. Et s’apprête, à l’aube de ses trente ans, à subir un ravalement de façade.
La maison de production Hello Maestro a ainsi annoncé via Facebook, qu’elle était en train de restaurer en haute définition les 26 épisodes originaux, avant une diffusion et une sortie en DVD, “d’ici plusieurs mois”. Et les restaurateurs ne se sont pas contentés d’étirer le format 4:3 télévisuel de FR3 pour en faire un 16:9 plus contemporain : cette restauration a été faite à partir des bandes originales en 16 millimètres, nettoyées et recadrées pour coller aux standards du Blu-Ray. Le résultat : une sacrée cure de jouvence pour le dessin animé… et une bonne fournée de madeleines de Proust pour les néo-trentenaires, qui redécouvriront Maestro, Pierrot, Petit-Gros et Psi dans leurs pérégrinations organiques. Vous savez, vous, ce qu’est un granuloycte basophile ? Non ? Et pourtant, quelque part dans les années 1980, vous l’avez su.
Grand Prix d’Angoulême : finalement, aucun des nominés ne veut de ce prix
Après les débats sur l’absence de femme dans la liste de ses nominés, le FIBD s’était toujours plus empêtré en tentant de se justifier. Finalement, pour être sûr de bien se dédouaner de toute responsabilité, les organisateurs avaient annulé toute liste, demandant à « l’ensemble des auteur.e.s de bande dessinée à voter librement pour désigner comme lauréat.e l’auteur.e de leur choix. » Les trois noms issus de ces votes ont été dévoilés hier : Claire Wendling, Alan Moore et Hermann Huppen. Claire Wendling a annoncé qu’elle ne souhaitait pas recevoir ce prix, et elle ne sera probablement pas la seule des nominés à se désister.
Hier, les trois noms finalistes issus des 1216 votes ont été dévoilés, et le lauréat devrait être annoncé mercredi 27 janvier à 18h30 à Angoulême.
Interrogée hier matin, Claire Wendling s’étonnait d’être sélectionnée et semblait assez mitigée sur cette nomination : heureuse que ses pairs aient pensé à voter pour elle, elle reconnaissait que cela ne tombait pas franchement au meilleur moment : « Il faut que ça tombe la pire année, avec une polémique sur les femmes. Moi qui déteste la notion de quota. Dès qu’il y a du bordel, je suis abonnée aux tuiles. »
Mais dans un statut Facebook, il semblerait qu’elle ait définitivement tranché sur ….lire+.